lundi 11 mars 2013

Petite réflexion sur la beauté... et la laideur

Voici un extrait tiré du livre de Christophe André : l'estime de soi - s'aimer pour mieux vivre avec les autres - que j'avais trouvé très touchant. Vue par les yeux d'une femme peu attirante, elle nous raconte comment être laid (ou laide) peut être vécu au jour le jour...

Extrait du chapitre VII :

"Il n'est jamais facile pour un psychothérapeute d'entendre une personne parler de sa laideur - surtout lorsque celle-ci est peu contestable. Que répondre dans l'immédiat qui ne soit mensonger ou vain? C'est sans doute pour cela qu'on ne répond rien et qu'on se met à questionner à son tour... Voici un extrait de la lettre qu'une de nos patientes nous adressa un jour :

Je sais que je suis laide. Je l'ai toujours su. J'étais déjà une enfant au physique ingrat. J'en ai eu très tôt conscience : les autres enfants ne se gênaient pas pour me le dire. Je faisait semblant de ne  rien entendre. C'est aussi ce que faisait ma mère, car elle entendait les sarcasme qui me visaient à la sortie de l'école. Elle en souffrait certainement, mais comme elle avait fait le choix de ne jamais m'en parler, j'avais moi aussi adopté cette attitude, et j'étais devenue complètement bloquée sur le sujet. Un jour, une de mes institutrices qui avait compris ma souffrance a essayé de m'en parler. Je n'ai pas pu décrocher un mot, alors que dans ma tête je me disais : voilà enfin quelqu'un qui m'a comprise. Elle a vue ma détresse, mais n'a plus jamais osé m'en parler. C'est un de mes pires souvenir d'enfance, plus encore que les moqueries : avoir été incapable de saisit cette main tendue... La laideur entraine une sorte de souffrance chronique à laquelle on finir par s'habituer, mais qui se ravive au moindre choc : une remarque, un regard appuyé, un sourire... Cela devient une prison et une obsession : on surveille les autres, en se demandant s'ils sont en train de se dire que... Et surtout, surtout jamais on n'en parle. Mais on est toujours malheureuse de cela. On s'habitue insidieusement à être mise à l'écart, à ne pas être choisie, à ne pas être préféré. On s'habitue à devenir une victime, un second rôle... Adulte, on est convaincue qu'il est inutile d'en parler, de se confier : on pressent trop bien que l'entourage va immédiatement mentir, se débarrasser de sa propre gêne en nous balançait les poncifs éculés sur la "beauté de l'intérieur", et toutes ces paroles inutiles. La laideur est le plus terrible des défauts : on peut essayer de modifier son égoïsme, ou d'agir sur ses peurs. Mais comment changer de corps? Souvent, j'ai rêvé de vivre dans un monde d'aveugles, où les apparences n'auraient plus d'importance..."

Pourquoi cette importance du physique dans l'estime de soi? Peut-être pour une raison toute simple : de toutes les compétences qui alimentent l'estime de soi, l'aspect physique est la plus immédiate, celle qui dépend le moins du contexte. Pour montrer ses compétences scolaires, il faut des examens; ses compétences athlétiques, des épreuves à franchir; son obéissance aux règles, un milieu qui la remarque et la valorise. La beauté, elle se manifeste en toute occasion [...]

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